Histoire
et histoires de la civilisation :
les œuvres d’art en forme
de garde-corps en fer
Il
est toutefois étonnant de se rendre compte qu’on est entourés de
petites choses dont on ne connaît même pas l’histoire - des
objets auxquels, normalement, on ne réfléchit plus, comme le
tabouret de bar
ou le garde-corps, mais qui ont été inventés un jour et, ensuite,
suivi un parcours parfois singulier. Et, en regardant un garde-corps
qu’on voit tous les jours sans même s’en rendre compte, qui
pense aux garde-corps en fer connus dans le monde entier, forgé par
de grands artistes ?
Au
moment de son invention, le garde-corps était loin d’avoir une
réputation d’œuvre d’art. Nous trouvons ses premières traces
au Moyen Âge lorsqu’il n’était pas encore en fer ou fer forgé,
mais en bois. On l’appelait le garde-fou. Les linguistes ont
beaucoup spéculé sur l’origine de son nom. Finalement, ils se
sont mis d’accord qu’il n’a rien à faire avec les "fous"
- par exemple avec ceux qui voulaient se jeter dans les abîmes qui,
justement, étaient sécurisés par des garde-fous - mais avec le nom
de l’arbre dont le bois servait à sa fabrication : le hêtre
ou, comme on disait à l’époque, le fou.
Les
premiers garde-corps ou garde-fous ont été construits pour
sécuriser les excavations ou les ponts. Un peu plus tard, le mot a
reçu encore une autre signification - les garde-fou ou, selon la
nouvelle orthographe, les garde-faux ou, encore plus tard, les
gardecors (qui, justement, protégeaient une partie du corps)
faisaient partie des armures des soldats et servaient à la
protection du ventre.
600
ans plus tard, au 19e
siècle, le garde-corps trouvait son utilité sur les bateaux pour
sécuriser les ponts et passerelles. Sur les petits bateaux, ces
garde-corps consistaient dans un système de cordages, mais sur les
navires plus importants, on se servait de bars de fer. Le garde-corps
en fer était né.
Entre-temps,
nous rencontrons le garde-corps - souvent en fer ou fer forgé -
partout dans notre vie quotidienne, c’est-à-dire partout où il y
a des précipices, naturels ou non, qui pourraient être dangereux :
les escaliers, les ponts, les quais etc. De cette manière, le
garde-corps a retrouvé sa destination primaire.
Mais
ces constructions "quotidiennes" à part, le garde-corps en
fer ou, plus encore, en fer forgé est devenu œuvre d’art. Pour ne
citer que quelques exemples de ces garde-corps qui sont connus dans
le monde entier : ainsi, il y avait un pont à Berlin,
appartenant à la Mehlhaus,
l’ancienne maison des boulangers, avec un arc de 12 mètres, dont
le support et le garde-corps étaient en fer. Bien que construite par
la forge du roi - certainement la meilleure du pays - cette
construction reste impressionnante, surtout en considérant qu’elle
a déjà été fabriquée en 1798.
Un
autre témoin pour les garde-corps d’art se trouve à Como en
Italie. La ville est connue pour ses maisons et palais dans le style
du néoclassicisme. Ces bâtiments se distinguent par leur structure
simple avec des décorations plutôt discrètes. La seule parure qui
saute carrément aux yeux, ce sont les garde-corps en fer forgé aux
balcons et fenêtres.
Fort
Libéria à Villefranche-de-Conflent dans les Pyrénées-Orientales
héberge une véritable merveille : le garde-corps qui longe le
chemin de ronde dans toute sa longueur a été forgé dans le minerai
de fer du Canigou, selon une technique spéciale qui a été
développée en Catalogne. Ce minerai de fer a la réputation de ne
pas rouiller - qualité dont témoigne le garde-corps de
Villefranche.
Un
des artistes les plus connus pour l’art des garde-corps en fer est
Caspar Fincke, né dans l’Allemagne vers la fin du 16e
siècle, mais qui a passé presque toute sa vie en Danemark. Il a
construit le garde-corps qui entoure la plate-forme en haut de la
fameuse "tour ronde" à Copenhague. Toutefois, son œuvre
la plus impressionnante est le garde-corps en fer forge qui, dans la
cathédrale de Roskilde en Danemark, sépare la chapelle de la nef.
Copyright
: Laure Malombe
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire